Au début des années cinquante, Guy de Sauvage délaisse ses pinceaux au profit de la céramique d’art. Avec son ami Antoine de Vinck il construit un four à bois, inspiré du schéma d’un four à céramique japonais décrit par Bernard Leach dans « A potter’s book ». C’est le beau-père de l’artiste, l’ingénieur Julius Schmutzer qui établira les plans de ce four qui allait fonctionner parfaitement.



L’inspiration du céramiste reste dans le domaine classique. Les sujets sont souvent religieux, liés à l’Ancien Testament, ou volontiers guerriers. D’une manière assez constante, l’animal y occupe une grande place.

A l’image de cet oiseau paresseux, inspiré directement de « La Paresse », de Bruegel l’Ancien. Que ce soit en peinture ou en sculpture, les animaux de Guy de Sauvage respirent la sympathie, révélant sa tendresse pour tout ce qui cours ou qui vole. Ce qui le mènera à devoir résoudre un paradoxe : chasseur, parce qu’il ne pouvait en être autrement dans son milieu, il remisera définitivement son fusil au mitan de la quarantaine, devenu incapable de donner la mort à ces créatures qui le ravissent.







1967 Céramique – saison II
Huit ans après avoir enfourné ses dernières céramiques en Belgique, Guy de Sauvage va se remettre pour un temps au travail de la terre.
Sculpture céramique, 1967.
La raison de ce retour est la suivante. A Paris, Guy n’a pas réussi à intéresser les galeries d’art qu’il a démarchées, mais il s’était lié d’amitié avec Lucien et Nicole Durand. Lucien est un véritable amateur d’art. Il est connu pour avoir lancé certains des plus grands talents de l’époque, à l’image de César, par exemple. Il accepte d’exposer Guy dans sa galerie de la rue de Seine, mais il y a un bémol. Le galeriste estime que l’abstraction lyrique a fait son temps mais qu’en revanche il présenterait bien ses céramiques.
Les nouvelles céramiques de Guy de Sauvage laissent apparaître de grandes surfaces de terre brute, émaillées ça et là de quelques glacures surcuites qui se répandent. Avec parfois quelques vieux clous forgés fichés dans la matière.
Une expo chez Durand, ça ne se refuse pas. Sauf que que Guy n’a plus d’atelier de céramique depuis qu’il est arrivé à Paris. Ou plutôt, il a toujours son matériel, réduit essentiellement à un minuscule four à essais, dans sa résidence secondaire en Dordogne. A l’occasion des vacances d’été de 1966, il va se remettre au travail de la terre et du feu, selon une inspiration résolument abstraite.
Sur les hauteurs de Léguillac-de-l’Auche, à une vingtaine de kilomètres de Périgueux, Guy de Sauvage a eu un vrai coup de foudre pour Belair, un petit château du XVIe siècle à la silhouette anormalement trapue. En réalité, une vieille bâtisse dépourvue de tout, mais où la famille de Sauvage a passé ses plus mémorables vacances.
Cette céramique, bien éloignée de celle qui séduisit Bruxelles, ne réussira pas à trouver son public. La première exposition à Paris de Guy de Sauvage, qui comptait également quelques oeuvres de ciment peint (voir plus haut), est restée sans suite. Guy ne touchera plus jamais à la terre, laissant tout son matériel à Imma, qui reviendra ainsi de son côté à la sculpture, avec des créations de grande qualité.