C'est sur cette extraordinaire mise en lumière de la Tour de Batère, dans les Pyrénées-Orientales,
que se conclut, en 2002, le catalogue raisonné de Guy de Sauvage.
Quelque temps après avoir achevé cette toile, il avait déclaré :
"Ma vie s'est arrêtée le jour où j'ai cessé de peindre".
Né à Bruxelles en 1921, il avait commencé à dessiner dès qu'il s'est montré capable de tenir un crayon.
Devenu céramiste, après la guerre, il a rapidement repris ses pinceaux pour se lancer dans l'abstraction.
Dans les années quatre-vingts, il est revenu progressivement au paysage,
après avoir tenté de multiples expériences picturales.
Blog
En 1951, un four japonais dans la campagne wallonne
L’exposition
Ainsi, au début du mois de juillet 2022, plus de soixante ans après, de nombreuses pièces de céramique se sont retrouvées sur le lieu de leur création. Parmi les objets on note, en haut à droite, la fameuse boîte à thé qui fit l’objet d’une série très appréciée, au point d’inciter un collègue de Guy en mal d’inspiration à fonder toute sa production d’après ce modèle. En bas : le guerrier était un thème récurrent chez l’artiste qui l’a décliné de diverses manières. À droite, les premières grenouilles d’Imma ainsi qu’une statuette de saint Nicolas.En haut domine l’imposante statue de Jeanne d’Arc. Dans les années cinquante, l’œuvre de Guy de Sauvage était encore très empreinte de thèmes religieux. À l’instar du panneau intitulé « La légende de sainte Gudule », en bas à gauche. Et comme pour se bien vendre la céramique se doit d’être « utile », Guy s’est fendu de quelques objets très originaux comme ce magnifique hérisson-chandelier produit à une poignée d’exemplaires. Enfin, Guy a aussi créé un grand nombre de coupes. Sans doute sa maîtrise limitée du tournage lui interdisait de concevoir des formes plus hautes.La famille de Guy comme celle d’Imma ne manque pas d’artistes et plus largement de créateurs de talent, de métier ou simplement par passion. Tous ceux qui ont partagé cette journée ont apprécié de découvrir ces œuvres qui pour nombre d’entre elles dormaient dans des caisses depuis de longues années. En haut à gauche : l’un des miroirs aux motifs animaliers de Guy. En bas, sa première huile, effectuée à l’âge de 16 ans ; son père et son frère jouant aux échecs, un dessin de 1943 et le petit canard… qui a tout une histoire (que nous vous conterons un de ces jours).Autour de Monique, la jeune sœur de Guy et dernière représentante de la génération, les familles et amis du couple, venus de Belgique, de France du Luxembourg et des Pays-Bas. Absents et excusés : Imma, bien trop âgée pour faire le voyage depuis la Sarthe et Alain, le jeune frère de Guy, parti en toute discrétion la veille rejoindre Guy et Baudouin, ses deux artistes de frères, dans l’éternité. Et même si pour diverses raisons l’assemblée comptait de nombreux absents, on gardera de ce rendez-vous de Reux le souvenir d’une ribambelle de petits-enfants heureux de célébrer ensemble cette belle page de vie de leurs grands-parents.
Photos : Fabienne de Sauvage et Kim Jude.
Guerre et Paix
Dessins de téléphone
L’hommage d’un fils
Il y a 40 ans, Sur le Mont Athos
Au hasard d’une recherche dans un carton plein de photographies, cette belle photo de Guy de Sauvage prise par son frère Baudouin, au mois de septembre 1979 sur les pentes du Mont Athos, en Grèce orientale.
Revenu enthousiaste d’un précédent voyage sur la sainte montagne, Baudouin tenait absolument à montrer ce lieu exceptionnel à son frère. Il n’était pas facile de faire voyager Guy, mais Beaudouin a su cependant le persuader. L’expédition se fit en compagnie de Carlos, le fils de Beaudouin et de Jean-Baptiste, l’un des fils de Guy. Ce fut, pour tous les quatre, un moment absolument inoubliable.
Nous reviendrons ultérieurement sur les très intéressantes suites artistiques que suscitèrent ce voyage – devrait-on dire pèlerinage – chez l’artiste.
Le Salon de mai… et les autres
De Bruxelles à Paris, grâce ou à cause de Vasarely ?
Professeur… Malgré lui
Guy de Sauvage et deux de ses élèves en 1982. Photo : Pierre Parcé / Paul Palau.Imma de Sauvage et ses élèves en 1982. Photo : Pierre Parcé / Paul Palau.
Une étonnante révélation
Les disciples d’Emmaüs, tableau de Han Van Meegeren (115 x 127), attribué à Vermeer de Delft jusqu’en 1945, puis définitivement classé comme faux en 1967. Photo : Wikipedia.Guy de Sauvage à l’âge de 15 ans, le 29 mai 1937. Il pose entre ses parents dans la propriété familiale, à Annevoie-Rouillon, province de Namur.
Milou Souply, l’ami fidèle
A gauche, une petite sculpture en bronze d’Emile Souply, haute de 5 cm environ. A droite, une sculpture en fer haute de 50 cm, avant-projet pour un grand chandelier.
Le tournant de Mai 68
Ramassé lors d’un affrontement sur les barricades, ce pavé a servi pendant des années de presse-papier, sur le bureau du peintre.
Guy de Sauvage avait réussi à obtenir une des fameuses affiches de Mai 68 : « La chienlit, c’est lui » auprès de la coordination étudiante. Malheureusement, la section agit’prop’ lui a refusé l’épreuve, estimant qu’une affiche était faite pour être placardée et non pour intégrer une collection.
Le tract reproduit ci-dessus a sans doute été ramené du Salon de Mai 1969. La sérigrahie est de 1968 (191 x 114) ; 30 exemplaires.
De 1955 à 2007, ses meilleurs voeux
Lorsqu »il commence à vouloir se faire connaître en tant que peintre plutôt que comme céramiste, Guy de Sauvage apporte un grand soin à la réalisation de ses cartes de voeux de nouvel an qui seront adressées notamment à ses relations professionnelles.
De 1955 à 1959, les cartes de voeux de Guy de Sauvage reproduisent ou s’inspirent, sous la forme de petites sérigraphies tirées entre 15 et 120 exemplaires, de ses huiles sur toile.
Sans doute parce que l’exercice annuel, auquel il est assez attaché, lui coûte pas mal de temps et d’énergie, l’artiste va tirer parti des possibilités offertes par la photocopie pour créer ses cartes plus rapidement, à l’image de cette photocopie du portrait de Tobie, le bien aimé boxer familial .
Dans les dernières années de sa vie, l’énergie tout comme l’argent lui faisant défaut, il use volontiers de la photocopie couleur pour reproduire les photos de ses plus belles créations, tantôt récentes, tantôt très anciennes. Pour l’année 2007, il reproduit sur bristol son « Petit temple » de 1956. Ce sera sa dernière carte de voeux.
Juste retour des choses, Guy aura aussi reçu un bon nombre de cartes de voeux de la part de ses confrères, dont certains, à l’image de cette carte improvisée par Duvillier, ou le fin tressage de Jean Deyrolle sont des oeuvres uniques. Egalement reproduites ci-dessus, les cartes de Michel Olyff (2), Frédéric Benrath, Antoine de Vinck, Emile Souply, Jean Messagier, Anne Bonnet et Yasse Tabuchi.